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Dans « Deadpool & Wolverine », le nihilisme cool du mercenaire Deadpool sauve la mise pour Marvel

L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR
Drôle de sentiment d’assister à la mort annoncée d’un univers – celui des blockbusters de super-héros – qui aura refaçonné le paysage de l’industrie hollywoodienne. Car Marvel est dans la tourmente : depuis la crise du Covid-19, les succès publics et critiques se font rares (le dernier en date étant Gardiens de la galaxie), les déceptions nombreuses (Les Eternels, Ant-Man, The Marvels et les miniséries à tout va). L’extension ad nauseam de l’univers cinématographique Marvel (MCU) semble atteindre un point critique : entre déception des fans fustigeant des effets spéciaux de plus en plus bâclés et des scénarios aberrants, et, tout simplement, le désintérêt pour un imaginaire globalisé qui, après avoir régné en maître sur les années 2010, se sait engagé dans un interminable déclin.
En attendant de pouvoir seulement imaginer à quoi ressemblerait un monde sans Marvel, il reste encore à la franchise quelques cartes à jouer. La stratégie semble la suivante : faire moins, mais mieux, arrêter de gaver le public de films bâclés, et réinsuffler un semblant d’âme à un univers qui n’en avait plus.
Dont acte avec ce Deadpool & Wolverine très attendu, qui culmine déjà en tête du box-office américain. C’est que la série Deadpool a toujours reposé sur le capital sympathie de sa star, Ryan Reynolds, vedette, coscénariste et producteur du film. Rappelons la recette : mercenaire défiguré, doté d’une capacité surhumaine de guérison, Deadpool se veut un genre de Spider-Man irrévérencieux et bras cassé, qui enquille jusqu’à l’overdose des blagues trash ou méta, les références à la pop culture et brise, quand bon lui semble, le quatrième mur pour s’adresser directement aux spectateurs.
Après avoir échoué à intégrer la bande des Avengers, Wade Wilson, alias Deadpool, se voit confier une mission par le Tribunal des variations anachroniques, mais elle suppose la disparition de tous ses proches. L’objectif : sauver son monde et tous ses amis, avec l’aide d’un Wolverine ressuscité d’un multivers quelconque – il était déclaré mort dans Logan (James Mangold, 2017).
Rien de neuf au scénario, qui se perd dans les méandres de sa fausse sophistication et dans l’obligation de faire avancer le MCU. C’est clairement la dimension la moins intéressante d’un film dont l’essentiel se joue ailleurs : dans le duo de vieux jouets formés par Jackman et Reynolds ; la manière dont Deadpool déconstruit de son ironie la moindre situation sérieuse ; les blagues, parfois marrantes.
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